lundi 29 juillet 2013

Une journée à l'Isle-aux-Grues

Dimanche matin. 5h36. Rare congé estival commun non planifié. Chum sans passeport et moi partons enfin vers l’Isle-aux-grues. Je dis enfin, parce que ça fait quelques années qu’on veut y aller ; une première fois pour moi, une deuxième pour lui qui a grandi en face de la contrée lointaine la plus proche de Québec. Pour s’y rendre, il suffit de cinquante minutes en voiture, puis 25 minutes sur le traversier qui relie gratuitement les insulaires et visiteurs à Montmagny, d’avril à décembre. Pour vous faire un portrait général du lieu, imaginez une île de 10 kilomètres de long par 4 kilomètres de large où habitent environ 130 personnes, près du double en été. On y trouve une épicerie/quincallerie/pharmacie, un CLSC, un aéroport, quelques gîtes et restaurants, deux musées, une caisse populaire ouverte deux jours par semaine, quelques fermes qui fournissent le lait à la fromagerie  (l’employeur le plus important du coin), un camping, un garage, une église, un cimetière, et une superbe vue sur le Saint-Laurent et les montagnes.

Vue de la tour d'observation
Toutes ces belles attractions de village ne sont pas ouvertes à 7h22 le dimanche matin! Alors on marche pour traverser l’île du Sud au Nord où se trouve le downtown (là, ça a l’air gros dire traverser l’île, mais on parle d’une route de 1,6km!!), puis on va vers l’Est et on marche encore! On se rend à l’aéroport, gros comme une petite maison, qui voit passer les enfants du village vers l’école de Montmagny tous les jours. Puis on monte la tour d’observation, d’où l’on voit les 21 îles qui composent l’archipel. Évidemment on passe un bon moment dans le cimetière, parce que j’aime beaucoup les cimetières et toute l’histoire d’un village qu’ils contiennent. C’est fou ce que les gens vivent vieux à l’Isle-aux-Grues! Ils doivent être plus zen que la moyenne! On jette ensuite un coup d’œil dans l’église, le temps de serrer la main au curé avant de se sauver pour ne pas être pris là pendant la messe.

Et on marche ensuite vers l’Ouest (la route Nord-Sud étant dans le milieu, ça fait comme un T, donc on ne peut pas faire le tour de l’île par un chemin normal!) Mine de rien on a faim, alors on veut aller manger au Bateau Ivre, un bateau qui a volontairement été échoué là pour en faire un resto et un lieu de fête. Il faut avoir faim au bon moment dans un petit village…parce que le déjeuner finissait à 10h et il est passé 11h et il n’y a pas de dîner offert là! L’estomac dans les chevilles (pas aux talons, mais ça s’en vient!), on rebrousse chemin, retraverse vers la rive sud pour aller au restaurant où je sais qu’il y a un brunch où nous pourrons rapidement ingurgiter l’énergie dépensée dans les quatre heures de marche du matin. On en prend assez pour marcher un autre 10-12 h au besoin… Joie alimentaire, quand tu nous tiens.   

Sur un mur de l’Auberge du Grand Héron, un coup mon estomac remonté à sa place habituelle, je vois une affiche où on parle de la balade en train offerte aux touristes. Je savais déjà qu’il y avait un train (en fait il y en a même deux!) tiré par un tracteur, pouvant trimbaler jusqu’à environ 80 personnes en même temps, mais j’avais l’impression qu’on transformait le lieu en genre de zoo où les citadins peuvent observer l’insulaire dans son habitat naturel. Nous avons quand même pris la visite en train, d’abord pour avoir de l’information et aussi parce que c’est plus facile (et pertinent!) d’avoir une opinion si on a essayé la chose avant. Pour 20$, on se promène pendant près de deux heures, allant du restaurant qui a fait pleurer nos papilles affamées quelques heures plus tôt, jusqu’à la luxueuse (et non-accessible!) résidence du peintre Jean-Paul Riopelle, qui a été un Gruois pendant plusieurs années. On arrête également aux deux musées ainsi qu’à la fromagerie. Pour bien faire, cette visite devrait durer une heure de plus pour avoir le temps de tout voir. Nous sommes d’ailleurs retournés au musée de la mi-carême (que j’aimerais donc voir célébrée dans mon quartier d’ailleurs!) pour ne pas être à la course. Le centre d’interprétation est très intéressant, présentant photos et objets en lien avec Riopelle, un naufrage de bateau, les courses de canots sur glace et la vie quotidienne dans l’ancien temps. Bref, il y a trois musées en un, on dirait! Nous avons également laissé notre place à la fromagerie, car plusieurs personnes vont sur l’île avec des croisières organisées de Québec et ont donc un horaire plus serré que le nôtre. Nous avons tout de même eu le temps d’attraper cinq fromages lors de notre deuxième passage.
Les gallonés, costumes traditionnels de la mi-carême, fête malheureusement peu célébrée au Québec, où les gens se déguisent en espérant ne pas se faire reconnaître lorsqu'ils visitent leurs voisins.
Après coup, je comprends bien que le train est probablement la façon la plus efficace de donner un trop bref aperçu des lieux aux gens qui n’y passent que quelques heures (et dont la moyenne d’âge est assez élevée). C’est aussi là que j’ai réalisé encore une fois comment cette île sans pont avait une ambiance de Basse-Côte-Nord : le guide qui déplace la voiture de quelqu’un d’autre sur le quai puisque les clés sont toujours dans l’auto débarrée, les deux petites filles qui deviennent rapidement nos amies dans le train (les filles du guide!) et leur mère qui demande quand est-ce qu’on sort (sortir = quitter l’île).

Au nombre de vélos à louer qu’on trouve à différents endroits, je me demande pourquoi il n’y a pas de visite guidée à vélo, question de combler les touristes actifs, qui sont nombreux à parcourir l’Isle-aux-Grues sur deux roues. C’est d’ailleurs ce que nous ferons la prochaine fois, puisqu’il nous reste le chemin des battures de 7 km à voir du côté est et le sentier de randonnée de 2,5 km dans le côté ouest. Oh oui, on parle déjà de la prochaine visite! Parce que l’Isle-aux-Grues est ce genre d’endroit où on se trouve vraiment niaiseux de ne pas y être allés avant, ce genre d’endroit où une journée nous donne l’impression d’avoir décroché pendant une semaine!    

Insulairement vôtre,
Sarah sans passeport

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